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« Peut-être que notre opinion ne compte pas, mais tout le monde sait ce que nous pensons du fait d’avoir plus de matchs. Tout le monde en a assez. » Les mots du gardien brésilien Alisson, en conférence de presse, lundi 16 septembre, à la veille du premier match de Ligue des champions entre Liverpool, son équipe, et l’AC Milan sont amers. Mais ils sont à la mesure de l’agacement qui gagne les footballeurs professionnels à l’entame de la saison 2024-2025.
Celle-ci voit l’entrée en vigueur du nouveau format de la compétition reine en Europe – pour laquelle les groupes sont supprimés au profit d’une poule unique et chaque club engagé disputera au moins huit rencontres contre six précédemment, avant de prendre éventuellement part à la phase d’élimination directe –, ainsi que la refonte de la Coupe du monde des clubs, élargie cet été à trente-deux équipes – contre vingt-quatre auparavant. Bref : une multiplication du nombre de matchs pour les joueurs concernés.
Dans ce contexte, le syndicat des joueurs, la FIFPro, a demandé, au début du mois, des mesures de protection, pointant une charge de travail excessive dans un calendrier qui ne cesse de s’allonger. La grogne est telle que Rodri, le milieu espagnol de Manchester City, est allé jusqu’à évoquer, mardi, la possibilité de lancer un mouvement de grève. « Si cela continue comme ça, à un moment, on n’aura pas d’autre choix », a insisté, devant la presse, le champion d’Europe 2024 avec la Roja. « C’est une opinion générale parmi les joueurs, ce n’est pas juste [mon] avis », a poursuivi celui qui a disputé près d’une soixantaine de rencontres en 2023-2024, club et sélection confondus.
« Nous comprenons qu’il y a le côté médias et télévision, le côté UEFA [l’instance européenne], FIFA [l’instance mondiale], la Premier League [le championnat de la première division anglaise] et d’autres compétitions nationales », a déclaré Alisson, qui cumule, lui, plus de quarante rencontres la saison passée, sous le maillot des Reds et celui de la Seleçao. « Nous ne sommes pas stupides : nous comprenons que les gens veulent plus de matchs, mais la chose la plus raisonnable serait que toutes les parties (…) s’assoient ensemble et [s’]écoutent. » Liverpool pourrait disputer plus de soixante matchs lors de cet exercice, après en avoir joué cinquante-huit lors du précédent.
Où mettre la jauge ? Si Rodri se refuse à « donner un chiffre exact », il fournit en revanche un ordre de grandeur : « Soixante ou soixante-dix, non. Entre quarante et cinquante matchs, un joueur peut évoluer au plus haut niveau. Ensuite, vous diminuez car ce n’est pas possible de maintenir son niveau physique. » De fait, la qualité du spectacle est en jeu. De quoi rendre la situation actuelle contre productive. « Si les gens veulent voir un meilleur football, il faut qu’on puisse se reposer », plaide le natif de Madrid. Dit plus prosaïquement, « plus le nombre de rencontres augmente, plus le niveau et la qualité baissent ».
S’il est moins virulent que son homologue, Marquinhos, le capitaine du Paris Saint-Germain, reconnaît les difficultés nées, notamment, de la nouvelle formule de la Ligue des champions. « On fait ce qu’on aime, donc on ne va jamais dire non pour un match et pour une compétition aussi belle », avance le défenseur brésilien, mais « ce sont des matchs en plus, un calendrier chargé, si on ajoute la sélection, les voyages, des matchs tous les trois jours, ça enchaîne vraiment. »
« On n’est pas les experts du calendrier, mais c’est important de savoir ce que les joueurs pensent », a-t-il fait valoir, plaidant lui aussi pour une conciliation entre les joueurs et les « décideurs ». D’autres grands noms du football, comme le milieu belge de Manchester City Kevin De Bruyne ou encore de l’entraîneur italien du Real Madrid, Carlo Ancelotti, ont aussi fait part de leur inquiétude. Et Rodri de rappeler : « Nous devons prendre soin de nous, nous sommes les personnages principaux de ce sport, ou de ce business, peu importe comment vous l’appelez. »
Le Monde avec AFP
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